(appartement des Redfield) Une visite à laquelle je ne m'attendais pas | Javier & Louane

J'étais en train de réviser mes cours en attendant que le temps passe, je trouvais la journée particulièrement longue. Et puis d'avoir le nez dans les livres m'empêchais de me laisser allé dans le monde des songes. Ce que je pourrais regretter rapidement entre ce flic qui hante mes pensées et mon frère. Je n'avais encore rien dis à ma grand mère des raisons qu'il l'ont embarqué à se retrouver en prison. Gardant aussi son appartement j'espérais de ne pas voir débarquer des types louches avec qui il était en affaires.

Je n'en étais pas encore là, je venais de me faire une tasse de thé en lisant mes fiches. Je m'étais concentrée et mis un léger fond musicale, des acoustiques hawaïennes. Assise en tailleur sur le sol, j'occupais une majeure partie du salon avec tout mon matériel d'études. Je m'étais remise dans mes précédents cours pour une simple raison, mon titulaire me faisait confiance et souhaitait me prendre au bloc pour une intervention très importante, une reconstruction de membre, j'étais assez nerveuse à cette idée, et la dernière chose que je voulais c'était de me planter. Il n'était pas loin de dix sept heures quand j'entendis sonner à la porte. Fronçant les sourcils, je me levais en me demandant qui pouvait bien me rendre visite. Je me retrouvais face à un homme d'une cinquante d'années qui dégageait quelque chose à me glacer le sang. Il ne me fallut pas bien longtemps pour savoir qui il venait voir.

- Bonjour, je peux vous aidez?

Il n’est pas très tard, lorsque Javier reçoit un appel téléphonique de l’un de ses partenaires – bien qu’il soit plus bas que lui dans la hiérarchie. Ils décident ensemble d’un lieu de rendez-vous, afin de discuter des dernières affaires en cours de traitement. Ils sont plutôt discrets, généralement. En tous cas, le cinquantenaire privilégie les espaces clos, fermés à toute intrusion mal intentionnée, à ceux plus publiques. Les oreilles sont partout et il en est parfaitement conscient. Son camarade – qui bosse pour lui – le rejoint alors au lieu indiqué. Vêtu d’une chemise blanche, d’un pantalon noir et d’une veste de la même couleur, Javier est plutôt sévère avec sa barbe mal rasée et ses traits de fatigue. Ceci dit, ceux qui le connaissent assez bien savent déceler lorsqu’il est énervé de lorsqu’il est calme. Aujourd’hui, étant donné les nouvelles, il n’est pas des plus joyeux. Il se montre stricte et intraitable. Surtout lorsqu’il comprend qu’Embry, l’un des maillons de sa chaîne, est aux abonnés absents depuis quelques temps. Cela l’inquiète. Car Javier, pas fondamentalement paternel, appréciait bien ce gamin. Il veut donc tirer cela au clair, personnellement. Après les différents points discutés, l’homme d’âge mûr prend son véhicule privé – avec vitre teintée et carrosserie renforcée – pour se rendre jusqu’au domicile du Redfield. Sans pincette, il sonne à la porte. Il tapote du pied, impatient de voir le visage de son petit soldat. Sauf que, contre toute attente, c’est une femme qui lui ouvre. Il la reconnaît : il s’agit de la petite sœur d’Embry. Elle ne semble toutefois pas savoir qui il est. Tant mieux. « Bonjour, je peux vous aider ? » Javier l’observe, quelques secondes, en fronçant les sourcils. Elle a l’air méfiante -et c’est compréhensible. Cela ne rassure pas tellement l’homme devant elle. Serait-elle au courant des activités illégales dans lesquelles il trempe ? Possible. « Bonjour. » Dit-il calmement, d’une voix froide et détachée. Les émotions, ce n’est pas son point fort. Javier est particulièrement… insensible. « Est-ce qu’Embry est là ? » Demande-t-il, sans détour, tout en observant intensément la demoiselle aux cheveux bruns.

La façon dont cet homme me regardais ne me disais rien de bons et comme je le craignais Embry et lui se connaissait. J'avais déjà été mêlée une fois à ses problèmes, je n'avais pas envie que ça recommence. Le regardant sans le moindre sourire et toujours autant méfiante je lui répondis tout en bloquant la porte à l'aide de mon pied. Bon vu la carrure de cet homme ce n'était pas ce geste qui le stopperait si jamais il décidait de rentrer.

- Il est absent et n'est pas près de rentrer de si tôt.

Je pourrais lui proposer de prendre un message mais me doutant de la raison de sa présence, je n'en avais aucune envie. Ceci dit je n'avais pas l'impression que lui aussi trempait dans le trafic de drogue, il semblait trop classe pour ça. Bon j'aurais dis la même chose de mon frère, preuve qu'il ne faut absolument pas se fier aux apparences. La curiosité l'emportant je fini par craquer et le questionner avec une boule au ventre. Je stressais de la réponse mais également de voir comment la discussion pourrait tourner.

- Vous vouliez le voir pourquoi ? Je peux toujours passer le mot si ça vous convient.

Javier observe la jeune femme qui se dresse devant lui. Malgré son air méfiante – voir apeurée – elle a un visage familier pour lui. L’homme d’affaire se renseigne très souvent sur la famille des membres du trafique. C’est une sécurité pour tout le monde. Lui, parce que ça lui permet de garder un point de faiblesse sur eux. Eux, parce qu’ils savent que tous vivront décemment sous sa protection – du moins si tout se passe bien. Quoiqu’il en soit, Javier fouille dans sa mémoire à la recherche d’indices. Des dossiers, il en voit tellement qu’il finit par oublier les visages, les prénoms, les identités, les âges. Il se remémore clairement qu’il s’agit de la sœur d’Embry. En dehors de cela, il est incapable de définir quoique ce soit de plus sur elle. Cela l’agace légèrement, bien qu’il ne s’en formalise pas. Il n’est pas là pour bavarder avec elle. Il veut juste retrouver son poulain, afin de tirer ce qu’on lui a rapporté au clair. Hélas, la réponse de la demoiselle est sans appel. « Il est absent et n'est pas prêt de rentrer de si tôt » Javier fronce les sourcils. Ce qu’elle vient de lui révéler est fortement déplaisant. D’une part car ça le contrarie personnellement. D’une autre, parce que ça signifie qu’il n’a pas été informé correctement. Il faudra donc qu’il corrige cela auprès des intéressés. « Je vois. » Est tout ce qu’il répond, très calmement. Il a bien saisi le message : Embry ne sera plus disponible avant quelques mois. C’est déplaisant. Heureusement, il n’était pas un élément indispensable. Javier cherche déjà à le remplacer, dans son esprit. Sauf que la voix de la jeune femme retentit à nouveau. « Vous vouliez le voir pourquoi ? Je peux toujours passer le mot si ça vous convient. » Un léger sourire naquit sur les lèvres du cinquantenaire. Elle est curieuse. Ou un peu naïve. Ou les deux. Elle doit forcément se douter de la raison de sa venue, si elle est si méfiante. Ceci dit, elle l’est possiblement de nature. Quoiqu’il en soit, Javier ne veut pas tergiverser. « Ce ne sera pas nécessaire. Navré de vous avoir dérangée, Mademoiselle. » Explique-t-il, avant de faire un légère révérence – comme dans une époque oubliée. Il s’apprête à rebrousser chemin. Après tout, il sait désormais la raison du silence d’Embry. C’est l’information qu’il était venu chercher.

Je ne comprenais pas comment mon frère pouvait avec quelqu'un d'aussi froid dans son entourage. Je restais plantée devant lui, il n'était pas des plus rassurant et je n'aimais pas me sentir seule avec lui. Je savais qu'au besoin j'avais des ressources pour me défendre. Bien qu'il n'avait pas la tête du mec qui tape les femmes, je faisais attention. Soudain une idée complètement délirante et dangereuse me vint à l'esprit. Je voulais comprendre dans quoi trempait précisément Embry, j' arriverais mieux à comprendre ce que je risquerais. L'inconnu me fit une révérence ce qui me surpris pas mal je dois avouer.

- Attendez !

Je pris le risque de sortir dans le couloir, me dévoilant face à cet homme. Si je voulais en savoir plus je devais prendre certains risque. Je ne savais pas à quoi m'attendre mais aller voir Austin pour entendre mes réponses n'était pas imaginable, tout du moins pour le moment. Alors voir avec un autre trafiquant, n'était pas non plus une bonne solution. Surtout qu'il était si froid et semblait tout calculer en permanence.

- Faut qu'on parle.

Je lui fis signe de la tête pour qu'il me suive. Je réalisais en même temps que je fonçais droit sur les ennuis. Mais vu qu'Embry refusait de me parler de ses affaires aussi. Je n'avais pas trente six milles solutions pour trouver mes réponses.