The Holloway, c’est une petite famille de cinq personnes. Deux papas, une maman biologique, une petite sœur, Raphael, et moi.
« Je ne pense pas avoir regretté que mes deux parents soient des hommes, pour moi, ça ne fait aucune différence. J’ai eu autant d’amour qu’un couple hétérosexuel pouvait donner à son enfant. La seule différence que j’ai avec ma sœur, c’est que nous n’avons pas le même père. Felix est le père de Raphy et Isaac est le mien, Charlie est notre mère à tous les deux. Mes pères ont souhaité que je porte le nom de ma mère biologique, comme souvenirs et héritage précieux en vers cette femme. »
« Mon prénom s’écrit avec un Y car, il fallait différencier le prénom de ma mère et le mien. Cependant tout le long de la grossesse les médecins ont répété à mes parents que je serais une fille, c’est pour ça que je me nomme Charly, avec un Y. C’est plus fille, selon eux. Malgré mon sexe masculin, Felix et Isaac ont souhaité conserver cette écriture. Au moins je sais me distinguer des autres Charlie »
« Je n’ai jamais manqué de rien, Raphy non plus. Mes parents sont des personnes très travailleuses et impliquées dans leurs fonctions. Felix est un avocat des affaires internationales en termes d’export et d’imports. Disons qu’il n’a rarement les pieds sur terre, mais Isaac aime bien se permettre de le faire redescendre. Isaac est broker, c’est-à-dire qu’il s’occupe des accords entre les sociétés et les personnes physiques. Disons que nos parents sont rarement à la maison, mais toujours présents dans les moments importants et douloureux. Charlie était une étudiante en médecine quand elle m’a eu avec mes pères, aujourd’hui elle est médecin à la campagne à soigner les personnes âgées. »
« Charlie. Raphael, n’a pas eu la chance de la côtoyer comme j’ai pu le faire. Disons que sur les papiers elle est mentionnée au niveau biologique, mais n’a aucuns liens avec nous. A ma naissance, Charlie était au milieu de ses études de médecine, mais n’arrivait pas à financer tous ses besoins. Elle s’est tournée vers le « job » de mère porteuse et a attendu. Mes pères ont été séduits par sa beauté et son intégrité. Une jeune femme en pleine forme et sportive, malgré une histoire de famille compliquée. Grande plante brune, les yeux couleur ambre, des belles lèvres. Un peu bronzé.
C’est le souvenir de cette femme me tenant dans ses bras, que je vois sur les photos jaunies de mes pères. Elle est restée quelques mois auprès de moi avant de retourner à sa vie d’avant, pour elle nous n’étions pas ses enfants. Et je la comprends. Tout du moins maintenant, ça n’a pas toujours été le cas. Isaac et Felix ont fait appel à elle pour avoir Raphael, elle terminait ses études en médecine, mais a accepté de porter ma sœur. La différence entre nous, Charlie n’est pas restée auprès de Raphy après sa naissance.
Nous n’avons que très peu de photos avec elle étant petits, cependant en grandissant nous avons pu la revoir. Elle, son mari et ses trois enfants, deux jumelles et un petit garçon. Tous bruns, grand et bronzé. Raphy ressemble énormément à Charlie, les mêmes yeux, la même chevelure rebelle brune. Moi, je tiens beaucoup plus de mon père, grand les yeux bleus et les cheveux foncés. Felix est métisse avec une peau mate Raphy ne pouvait qu’hériter de leur beauté. »
« Holloway, c’est le nom d’Isaac. Felix s’appelait Jackson. Pour unifier la famille, ils ont décidé de porter le même nom.
Isaac vient d’une famille très catholique pratiquante, avec deux sœurs et deux frères, tous très influencés par la religion. À l’âge de 17 ans ses parents le mettent à la porte, après deux années terribles dans un pensionnant qui soigne les malades comme les homosexuels. Depuis cet âge-là, il s’est débrouillé tant bien que mal pour survivre et se créer sa propre famille. C’est son histoire qui l’a poussé à se rendre dans des associations et à faire des dons, pour aider les jeunes en difficulté. Il prend du temps pour discuter avec eux et trouver des solutions. « Charl’, c’est le juste retour des choses. J’ai été aidé, c’est à mon tour d’aider ces jeunes. », me disait-il souvent. En écoutant son histoire, plus grand, j’ai compris son investissement. Aujourd’hui, il a repris contact avec une de ses sœurs qui n’a jamais pardonné l’intolérance dont ses parents ont fait preuve face à son frère. Je peux côtoyer les neveux et nièces de mon père, Abbey m’ayant toujours accepté dans sa famille.
Felix c’est une histoire tout aussi différente, mais je pense que c’est grâce à ça qu’ils ont pu se rencontrer. Les différences amènent souvent aux rassemblement. Son père était un boxeur professionnel antillais qui exerçait sa profession aux Etats-Unis. C’est là qu’il a rencontré son épouse Helena Jackson, alors secrétaire dans un petit bureau notarial. Malgré son métissage, Felix a une peu très peu bronzé légèrement basanée. Felix à une petite sœur et un grand frère, qui sont partis vivre à l’étranger. Malgré la distance, c’est une famille très unie et chaleureuse, qui a toujours accepté Felix tel qu’il était. Cependant le père de Felix est décédé un an avant la naissance de Raphael, nous laissant peu de souvenir de lui. Cependant ma tante et mon oncle sont des gens ouverts, qui nous dorlotes, surtout Raphy, certainement un peu trop. »
« Raphy. Raphael. C’est un prénom masculin, mais c’est une magnifique jeune fille de 18 ans. Bien dans sa peau, active, studieuse, amusante et souriante. Croquant la vie à pleine dent. C’est certainement la personne la plus proche de moi, qui connait tous mes secrets, toute ma vie et mes inquiétudes. Et vice-versa. C’est la personne que j’aime le plus au monde. Si on m’accepte c’est avec elle et mes pères, sinon ce n’est rien. Son arrivé a été un des plus beaux jours de ma vie, du moins de ce que je m’en souviens.
Tout n’a pas toujours été rose entre nous, mais jamais nous n’arriverons à se séparer. Raphy c’est mon élément essentiel pour vivre. Mais ce n’est pas pour autant que je suis surprotecteur vis-à-vis d’elle. Non, elle est libre de faire ses erreurs et de s’égarer, je serais toujours là pour l’aider et la soutenir. C’est une jeune femme qui veut battre de ses propres ailes et aller de l’avant. J’ai foie en ses compétences et sa force de caractère qui est si particulier à Felix. Aujourd’hui elle avance sur le chemin de son destin, dans les rues de Londres à créer son réseau. »
« Grossièrement ma famille c’est un peu un brouillon mis de côté. On a pris des bricoles à droite et à gauche puis on les a assemblées ensemble pour voir si ça matchait. Faut croire que oui. Tout du moins, c’est une des recettes du bonheur que mes pères ont confectionné.
Je suis né le 4 août 1992, dans un hôpital lambda de Seattle. Le même où est née Raphy. Mes deux parents étaient là quand Charlie a accouché d’un beau bébé de 3,6 kilos et 55 centimètres. Felix était à Los Angles quand je suis né, il est arrivé quelques heures après l’annonce des premières contractions. Isaac, était resté sur place les trois derniers mois de la grossesse pour soutenir Charlie dans la douloureuse canicule. Apparemment, il faisait atrocement chaud ce jour-là, quand j’ai pointé le bout de mon nez vers 14h. Pile au moment où le soleil est à son zénith.
Ma scolarité a été des plus banales. J’étais cependant un très bon élève, studieux, un peu rêveur. Puis au collège, ça avait commencé.
Au début, des petites boulettes de papier mâché avec des chewing-gums collés dessus, contenant l’inscription « fils de pédés ». Mes pères m’avaient élevé dans la tolérance et le respect des autres, c’est ainsi que je ne comprenais pas leur mépris vis-à-vis de moi. Je me suis donc renfermé sur moi-même, m’isolant avec mes livres et mes rêves plein la tête subissant, de temps à autres, du bizutage. Le lycée a été bénéfique à mon évolution personnelle. C’est ici que j’ai pu m’ouvrir et rencontrer des gens plein de tolérance et de respect. Chose surprenante, un des garçons de ma classe avait des mères en parents, ce qui à favorisé le lien entre nous. Aujourd’hui c’est mon meilleur ami, malgré qu’il soit loin.
J’ai toujours gardé mon côté un peu marginal, qui me donne une part de mystère que les filles aiment plutôt bien. Malgré tout, je reste un assisté des relations sociales, ayant du mal à aborder les gens et plus particulièrement les filles. Je suis restée trois ans avec un fille, Michelle, de la seconde à la terminale. Je pensais que c’était la femme de ma vie, que nous construirions quelque chose ensemble. Elle partait avec nous en vacance, rencontrait ma famille durant les grandes occasions, était ma première fois pour tout. Elle était « ma femme ». Mais c’était à sens unique, étant donné qu’elle a préféré faire sa vie avec un de mes camarades de classe en fin de terminale, m’étant nos souvenirs au placard. C’est dans un esprit maussade que j’entrai en première année de médecine en ayant décroché avec brio mon bac. Les années étudiantes étaient à moi ! »
« Actuellement je suis en spécialisation néonatale, pour m’occuper des grands prématurés. J’ai toujours su que je travaillerais dans le domaine médical, car mes parents ont souvent eu des difficultés pour ma sœur et moi, là-bas. Alors si je pouvais aider ces personnes, je n’en serais que plus ravis. »
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